28 photographies (2022-2023)
Je vais à la rencontre de la jeunesse à Nantes : celles et ceux qui m’appellent parfois Madame, oscillant entre le « tu » et le « vous » à mon égard, comme si la distance qui nous séparait n’était pas si évidente. Je propose un portrait photographique aux personnes que je croise et qui attirent mon attention. Le lieu, la temporalité et la pose sont discutées. La question de l’identité et de l’image de soi sert de fil conducteur à ces rencontres. Il ne s’agit pas seulement de se mettre en scène, mais aussi de livrer une part du feu intérieur qui les anime.
Ainsi, de ces rencontres surgissent des conversations inattendues sur un souvenir du lieu, ou des confidences sur les difficultés du quotidien. Les confinements successifs ont entravé la joie d’être ensemble et le feu s’est parfois éteint.
C’est aussi une histoire à l’échelle de la ville, de ses jardins qui abritent la douceur de vivre, de son fleuve qui charrie la mort. En 2019, alors que la fête de la musique est violemment dispersée par une charge policière, Steve Maia Caniço, 24 ans, tombe dans la Loire et se noie. « Il voulait juste danser », déclare un de ses amis quelques jours après sa disparition. Cette histoire est aussi celle de Steve dont tant les lieux que les personnes rencontrées n’ont de cesse de rappeler le nom.